In Ethiopia, rape as a weapon of war in Tigray | RFI

By Maria Gerth-Niculescu
25 March 2021

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Hundreds of cases of rape have been reported across Tigray since the beginning of the conflict – which has been going on for four months now. Hospitals have received numerous cases of abortion or serious injuries as a result of these rapes. Victims suffer from psychological trauma. Possible war crimes, but for the moment, no independent investigative body has been allowed to access the region.

Wrapped in a pink blanket, a young girl waits to have an abortion, three months after she was raped while trying to reunite with her family. This gynaecologist at Mekele hospital says he is devastated by the severity of the cases he has had to deal with since the start of the conflict – more than 150 victims in the past month. “Many cases have symptoms of post-traumatic stress disorder, as well as genital trauma. I even saw a patient who was HIV-positive,” said the doctor.

Some were able to find refuge in a specialized place. They all wish to remain anonymous. “They came to every house and took the men out. They left me inside so I stayed home and then they raped me. Three soldiers raped me and then when they left I fainted because I was bleeding too much,” tells us a young woman only 20 years old.

Despite her trauma, she considers herself to be among the lucky ones who were able to escape. “Many women are victims but they have not been able to come here. We want to work and get an education. We want the problems to stop and the international community to listen to us.” 

Outside Mekele, we find the same stories of gang rapes. In Adigrat hospital, a doctor has counted 174 cases since the outbreak of hostilities. He recounts that one of the victims was kidnapped for more than ten days. “They injected her with two drugs. She lost consciousness and does not know what happened during the night. They threw her under a tree, on stones. She explains that she was raped by 23 Eritrean soldiers.”

The government claims to investigate cases of alleged rape, but for the moment no independent body has been allowed to enter Tigray. The United Nations warns of possible war crimes.

Source: RFI


Original article in French

En Éthiopie, les viols comme arme de guerre dans le Tigré

Par: Maria Gerth-Niculescu

Publié le : 25/03/2021 – 00:04

Des centaines de cas de viols ont été rapportés à travers le Tigré depuis le début de conflit – qui se poursuit depuis maintenant quatre mois. Les hôpitaux ont reçu de nombreux cas d’avortements ou de blessures graves suite à ces viols. Les victimes souffrent de traumatismes psychologiques. De possibles crimes de guerre, mais pour l’instant aucune instance d’investigation indépendante n’a été autorisée à accéder à la région.

Enroulée dans une couverture rose, une jeune fille attend pour se faire avorter, trois mois après avoir été violée alors qu’elle tentait de rejoindre sa famille. Ce gynécologue à l’hôpital de Mekele se dit dévasté par la gravité des cas qu’il a dû traiter depuis le début du conflit – plus de 150 victimes au cours du dernier mois. « De nombreux cas présentent des symptômes de stress post-traumatique, ainsi que des traumatismes génitaux. J’ai même vu une patiente qui était séropositive », témoigne ce médecin.

Certaines ont pu trouver refuge dans un endroit spécialisé. Elles souhaitent toutes rester anonymes. « Ils sont venus dans chaque maison et ont fait sortir les hommes. Ils m’ont laissée à l’intérieur donc je suis restée à la maison puis ils m’ont violée. Trois soldats m’ont violée puis quand ils sont partis je me suis évanouie car je saignais trop », nous raconte une jeune femme âgée de seulement 20 ans.

Malgré son traumatisme, elle estime être parmi les chanceuses qui ont pu s’échapper. « Beaucoup de femmes sont victimes mais elle n’ont pas pu venir ici. Nous voulons travailler et suivre une éducation. Nous voulons que les problèmes s’arrêtent et que la communauté internationale nous écoute. »

En dehors de Mekele, on retrouve les mêmes récits de viols collectifs. Dans l’hôpital d’Adigrat, un médecin a compté 174 cas depuis le début des hostilités. Il raconte qu’une des victimes a été kidnappée pendant plus de dix jours. « Ils lui ont injecté deux drogues. Elle a perdu connaissance et ne sait pas ce qui s’est passé pendant la nuit. Ils l’ont jetée sous un arbre, sur des pierres. Elle explique qu’elle a été violée par 23 soldats érythréens. »

Le gouvernement assure investiguer les cas de viols présumés, mais pour l’instant aucune instance indépendante n’a été autorisée à entrer au Tigré. Les Nations unies alertent sur de possibles crimes de guerres.

Source: RFI