Tigray conflict: “One stop” center fights sexual violence | RFI
Sébastien Nemeth
17 June 2021
In Ethiopia, the conflict in the north has been ongoing since November. After three weeks, the federal government claimed victory, but the fighting continues. The war has left thousands dead. But rapes are also rampant. A report on one of the only centers in Tigray managing cases of sexual violence. The One Stop Center in Mekele, the regional capital.
Azadamara [Azmera] talks with One Stop staff. Azadamara, a 45-year-old farmer, was preparing food in her home when three federal soldiers attacked her a month ago. Sobbing down her throat, she said: “The soldiers accused me of being the mother of rebels. They kept my family outside and then raped me one by one in the house. They beat my genitals and my stomach. It lasted four hours. My body and mind were broken. I hid the truth from my children. Women who have been raped cannot speak out or the community will reject them. Others have suffered the same fate. It is a strategy. The army wants us to stop being fertile. They fear that our future children will take revenge.”
Azadamara received psychological support. She has had urine tests, blood tests, STD screening. She is far from being the only victim. Sister Mulu created One Stop a year and a half ago. Today, the center can no longer cope with the influx.
“With the war, we have gone from 30 to 200 people a month. And that’s just the tip of the iceberg. For the past month, the cases have been even more serious. With gang rapes and objects introduced into the genitals. These women arrive in a very unstable state. Some are injured after being raped by 40 or 50 soldiers. I have never seen such a tragedy. We are exhausted. We need more space and medicine,” she says.
One Stop also runs a shelter in town where about 40 very fragile or potentially endangered people can stay for several months. But the flow of patients never stops. As a social worker, Hira tries to bring comfort to the victims. “The survivors are damaged. I encourage them to speak up. And we are preparing a project that can help them. Sometimes I cry with them. It’s very stressful. At home, I’m on edge. So it’s a difficult mission.”
One Stop has nine employees, including police officers and lawyers so that investigations can be initiated. Hadas is a prosecutor. She fights for the perpetrators to be punished one day, even if she is not too confident. “The judicial system has collapsed. But we are collecting medical evidence, testimonies, so that one day we can hold the government, the military, accountable. Our capacities are limited. We don’t have the identity of the criminals. We don’t know which group they belong to. They rape in one place and leave elsewhere the next day. We feel useless,” she says.
For the first time, at the end of May, the public prosecutor announced the conviction of four soldiers, adding that 53 soldiers were under investigation. This is far too few, according to observers.
Source: RFI

Conflit du Tigré: le centre «One stop» lutte contre les violences sexuelles [4/5]
Publié le : 17/06/2021 – 00:23
En Éthiopie, le conflit dans le nord du pays dure depuis novembre. Au bout de trois semaines, le pouvoir fédéral avait crié victoire, mais les combats continuent. La guerre a fait des milliers de morts. Mais les viols sont également très nombreux. Reportage dans l’un des seuls centres du Tigré gérant les cas de violences sexuelles. Le centre One stop, à Mekele, la capitale régionale.
Azadamara discute avec les employés de One stop. Âgée de 45 ans, cultivatrice, elle préparait à manger chez elle lorsque trois soldats de l’armée fédérale l’ont attaquée il y a un mois. Des sanglots dans la gorge, elle raconte : « Les militaires m’ont accusée d’être la mère de rebelles. Ils ont gardé ma famille dehors puis m’ont violée un par un dans la maison. Ils m’ont frappé les parties génitales et le ventre. Ça a duré quatre heures. Mon corps et mon esprit ont été brisés. J’ai caché la vérité à mes enfants. Les femmes violées ne peuvent pas parler sinon la communauté les rejette. D’autres ont subi le même sort. C’est une stratégie. L’armée veut qu’on arrête d’être fertile. Ils craignent que nos futurs enfants se vengent. »
Azadamara a reçu un soutien psychologique. Elle a subi des examens d’urine, de sang, un dépistage contre les MST. Elle est très loin d’être la seule victime. Sœur Mulu a créé One stop il y a un an et demi. Aujourd’hui, le centre ne peut plus faire face à l’afflux.
« Avec la guerre, on est passés de 30 à 200 personnes par mois. Et ce n’est que la partie immergée de l’iceberg. Depuis un mois, les cas sont encore plus graves. Avec des viols collectifs et des objets introduits dans les parties génitales. Ces femmes arrivent dans un état très instable. Certaines sont blessées après avoir été violées par 40 ou 50 militaires. Jamais je n’ai vu une telle tragédie. Nous sommes épuisés. On a besoin de plus d’espace et de médicaments », explique-t-elle.
One stop gère également un abri en ville où une quarantaine de personnes très fragiles ou potentiellement en danger peuvent séjourner plusieurs mois. Mais le flot des patients ne cesse jamais. Assistante sociale, Hira tente d’apporter du réconfort aux victimes. « Les survivantes sont abîmées. Je les encourage à s’exprimer. Et on prépare un projet pouvant les aider. Parfois je pleure avec elles. C’est très stressant. Chez moi, je suis à cran. Donc c’est une mission difficile. »
One stop compte neuf employés, avec notamment des policiers et juristes afin que des enquêtes soient ouvertes. Hadas est procureure. Elle se bat pour que les coupables soient un jour punis, même si elle ne se fait pas trop d’illusion. « Le système judiciaire s’est écroulé. Mais nous rassemblons les preuves médicales, les témoignages, pour qu’un jour on puisse demander des comptes au gouvernement, aux militaires. Nos capacités sont limitées. On n’a pas l’identité des criminels. On ne sait pas à quel groupe ils appartiennent. Ils violent à un endroit et partent ailleurs le lendemain. On se sent inutiles », se désole-t-elle.
Pour la première fois, fin mai, le procureur de la République avait annoncé la condamnation de quatre soldats, ajoutant que 53 militaires étaient sous le coup d’enquête. C’est bien trop peu selon les observateurs.
Source: RFI